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jeudi 19 juillet 2012

Interview de Xavier Jamaux, compositeur français pour Johnnie To

Depuis ses débuts dans le groupe Orange, Xavier Jamaux a multiplié des aventures musicales. L'une d'elles l'a mené au cinéma, avec la musique de Tokyo Eyes de Jean-Pierre Limosin en 1998. Du Japon, il est passé à Hong Kong, où il a trouvé refuge à la Milkyway Image du duo Johnnie To-Wai Ka Fai. En quelques années, il a créé cinq B.O.F. qui se sont distinguées par leur originalité, loin des standards locaux souvent trop illustratifs. Sa musique a parfaitement su refléter l'insolite ambiance de Mad Detective ou le passé qui s'efface dans Sparrow. Le style musical de Xavier Jamaux évolue sans cesse, on se demande toujours ce qu'il va nous proposer à chaque nouveau film, et c'est ce qui rend son travail si intéressant à suivre. Cela faisait un certain temps déjà que vous voulions l'interviewer. L'édition 2012 de Paris Cinéma et son hommage au cinéma de Hong Kong nous ont enfin donné l'occasion de le rencontrer. 



Xavier Jamaux (c) Xavier Jamaux


HKCinemagic : Comment avez-vous rencontré Johnnie To ?
Xavier Jamaux : La première fois que je l’ai rencontré en chair et en os c’était au festival de Berlin en 2008, pour lequel Sparrow était en compétition, mais avant Sparrow j’avais déjà fait la BO de Mad Detective l’année d’avant. C’est une productrice française, Hengameh Panahi qui m’a mis en relation avec les gens de Milkyway [Image]. Je lui dois cette belle rencontre qui dure…

" Il fallait de la musique qu’on n’entende pas ! "

OST de Sparrow par Xavier Jamaux et Fred Avril


HKCinemagic : Comment s’est passé la première collaboration sur Mad Detective ?
Xavier Jamaux : C’était très étonnant ! Je savais que Johnnie voulait changer d’orientation musicale, et son assistant de l’époque m’avait dit : « pas de nappes, pas de synthés, pas trop d’instruments… » : en gros il fallait de la musique qu’on n’entende pas ! En plus d’une première collaboration entre Johnnie et moi, c’était un film assez inattendu, mêlant beaucoup de genres, sans vraiment être définissable…
Je me souviens avoir maquetté trois scènes, chacune d’environ 2 ou 3 minutes. J’envoie mes propositions par mail et par retour de mail on me renvoie trois fichiers audio en me disant : « Voilà ce que Johnnie a bien aimé dans tes propositions »…A chaque fois c’était les intros des morceaux, dix secondes à peine, très abstraites avec quasiment des bruits de souffle, et des sons de percussions éthérées… Je me suis dit : « Là ça va pas être facile ! ». Et puis j’ai trouvé le thème des sept personnages, les sept avatars du flic véreux, un thème sifflé et ludique et là on m’a dit, « ok c’est bon, continue dans cette voie ! »

" Et puis j’ai trouvé le thème des sept personnages, les sept avatars du flic véreux… "
 Lau Ching Wan dans Mad Detective de Johnnie To et Wai Ka Fai


HKCinemagic : Vous avez composé six B.O.F. pour la MilkyWay. Sur quel film avez-vous rencontré le plus de difficultés ? Quelle BOF vous a donné le plus de satisfaction ?
Xavier Jamaux : Tous les films étaient dans des genres différents et demandaient des musiques radicalement différentes. C’est bien pour moi, ça m’oblige à progresser, à toucher à des univers musicaux que je ne connais pas forcément ; pour Sparrow par exemple je m’étais intéressé à la musique et aux instruments traditionnels chinois, même si le résultat final en est assez éloigné. Personnellement j’ai une préférence pour Accident, car l’esthétique du film me plaisait beaucoup, ce côté polar vintage, ultra-léché. Et la musique que j’ai faite allait de pair, très référencée, et en même temps sans doute ma BO la plus personnelle. Le plus dur a été Motorway, car nous avons commencé la musique avec Alex Gopher avant que le film ne soit fini (mais on ne le savait pas !). Il y a eu des retakes [nouvelles prises, ndlr], du remontage, du coup l’ambiance avait changé et donc la direction musicale aussi. Je dirais que l’avantage des réalisateurs comme Johnnie et ceux qu’il produit c’est qu’ils vont vite. L’inconvénient c’est qu’ils vont vite aussi !

" L’avantage des réalisateurs comme Johnnie c’est qu’ils vont vite. L’inconvénient c’est qu’ils vont vite aussi ! "
Accident
  
HKCinemagic : D’une manière générale, comment se déroule la composition de la musique d’un film ? Regardez-vous tout le film ? Composez-vous en fonction du scénario ? En fonction de la tonalité générale d’une scène ? Que faire quand il n’y a pas de scénario, quand vous ne savez pas ce que raconte la scène ?
Xavier Jamaux : En règle générale la musique intervient en dernier, donc quand le film est pratiquement monté. Le travail est donc très lié à l’image, même s’il faut tenir compte de l’histoire et du scenario. Parfois il ne faut pas que la musique fasse dire aux images ce qu’elles évoquent déjà, il faut parfois aller « contre » l’image.
Je regarde le film plusieurs fois et puis je choisis la scène qui me « parle » le plus. Souvent ça donne la couleur générale de la musique.



HKCinemagic : Quels rapports Johnnie To, Wai Ka Fai et Soi Cheang Pou Soi entretiennent-ils avec la musique ? Ont-ils une culture musicale précise ? (J’entends parfois J. To fredonner de la variété cantonaise…) Avez-vous appris à cerner la personnalité de chacun pour deviner ce qu’il recherche dans la musique de leur film en gestation ?
Xavier Jamaux : Je ne me soucie pas trop de leurs goûts personnels… ! Car la musique du film doit être celle qui correspond au film et pas forcément celle qui « plaît » au réalisateur dans la vie courante… Johnnie a effectivement une grande passion pour la variété chinoise, et il aime bien la pop music des 70’s (les Stones, Pink Floyd…). J’ai d’ailleurs d’excellents  souvenirs de  séances de karaoké J

HKCinemagic : Comment a évolué votre travail avec les cinéastes de la MilkyWay au fil du temps ?
Xavier Jamaux : On commence à mieux se connaître. Du coup bizarrement ils sont un peu plus directifs et exigeants avec moi qu’ils ne l’étaient au début ! Généralement ils font confiance et ne se mêlent pas trop de la musique sauf pour dire quand ça ne leur plait pas ! Mais les indications pour la musique proviennent aussi des assistants ou du monteur, c’est un vrai travail d’équipe ! Et Milkyway dans ce domaine n’usurpe pas l’expression de « famille ».

 Bande-annonce de Sparrow


HKCinemagic : Est-on moins « libre » quand on travaille sur un film que quand on travaille pour ses propres disques ?
Xavier Jamaux : Je vous dirais oui… et non ! Moins libre parce qu’il y a un fil conducteur, l’image elle-même qui induit une direction musicale, plus le souhait du réalisateur. Je dois parfois aborder des styles musicaux qui ne me sont pas familiers. Mais justement la contrainte est aussi source de créativité et il y a moins d’enjeux personnels que sur un disque perso justement. C’est la musique du film, elle fait partie d’un projet collectif…

HKCinemagic : En France, je crois qu’on ne trouve que la B.O. de Sparrow. Travaillez-vous à l’édition du reste de vos travaux pour la MilkyWay ?
Xavier Jamaux : La BO de Motorway qu’on a fait avec Alex Gopher est maintenant disponible sur i Tunes (qui vient notamment d’ouvrir en Asie). On fera une sortie française en octobre. Dans le même temps je pense sortir  une compilation de mes collaborations avec la Milkyway. (Mad Detective, Accident, Don't Go Breaking My Heart…)

OST de Motorway par Alex Gopher et Xavier Jamaux disponible sur iTune


  Bande-annonce de Motorway


HKCinemagic : Quels sont les compositeurs de BOF qui vous ont marqué ?
Xavier Jamaux : Il y en a beaucoup et pour différentes raisons. Le point commun étant l’excellence de chacun dans son domaine et le caractère très affirmé, élégant et évocateur de leur musique : John Barry, Angelo Badalamenti, Cliff Martinez, Ryuichi Sakamoto…

HKCinemagic :  Y a-t-il un nouveau film en vue avec la MilkyWay ?
Xavier Jamaux : Ca se pourrait bien !


Propos recueillis par Panda LY 
Remerciements à Xavier Jamaux pour son temps et sa collaboration à cette interview.



Anthony Wong dans Motorway


mardi 10 juillet 2012

Bilan : Chiffres et observations

Et voila ! Le festival Paris Cinéma édition 2012 s'achève aujourd'hui. Il est temps pour Johnnie To d'éteindre son cigare, de ranger les pim's et de retourner à des activités normales (comme regarder des VCDs de films de Hong Kong).



Le bilan qu'on peut tirer de ce festival est on ne peut plus positif. Quantité et qualité étaient au rendez-vous avec une belle sélection de classiques et d’œuvres inédites en France, certaines, particulièrement difficilement à voir. Si le public semblait bouder le festival lors des premiers jours (les salles étaient à peines remplies au tiers et les sièges claquaient souvent durant les séances), celui-ci s'est présenté de plus en plus nombreux au fur et à mesure que le temps passait. Si bien que des films plutôt difficile d'accès comme Love Massacre ou Homecoming avaient des salles quasi combles lors de leurs deuxièmes passages. De quoi s'interroger sur les attentes du public quand aux œuvres en provenance du port parfumé.

Quelques reproches peuvent toutefois être adressés :

- Si la programmation dans son ensemble était excellente, certains choix faisaient véritablement tache. Les 2 Wu Ma avaient-ils vraiment leur place au sein d'une sélection aussi pointue ? Le 3e épisode Seven Women était-il le mieux à même de faire découvrir Patrick Tam aux spectateurs Français ? On peut en douter.

- Si des projections en vidéo ou des copies en mauvais état étaient parfaitement compréhensible pour des œuvres relativement rares, on ne peut pas se montrer aussi conciliant concernant les conditions de projection des films célèbres. Ainsi, se retrouver devant A Better Tomorrow en mandarin est une bien vilaine surprise. De même, ne pas passer Le Marin des Mers de Chine en 35mm mais en vidéo ou devoir composer avec de multiples sautes de son pour Iron Monkey est extrêmement décevant.

Des mauvaises surprises qu'on espère voir corriger pour une éventuelle prochaine édition !



Pour terminer, voici quelques chiffres résumant cette expérience festivalière :

2 : Le nombre de films présentés dans des versions alternatives (L'Enfer des Armes et The Club).
5 : Le nombre de master class et tables rondes organisées.
9 : Le nombre de paquets de biscuits tombés au champ d'honneur.
17 : Le nombre d'invités et autres intervenants liés au cinéma de Hong Kong.

21 : Le nombre de séances auxquelles votre humble serviteur a assisté.
21 encore : Le nombre maximum de films Hong Kongais projetés en une seule journée.
22 : Le nombre de spectateurs qui s'enfuirent à la fin du premier épisode de Seven Women de Patrick Tam.
73 : Le nombre de longs métrages Hong Kongais présentés lors du festival.
108 : Le nombre de fois où Ng Cho Fan tousse dans Cold Nights.
134 : Le nombre de mains serrées durant tout le festival.


lundi 9 juillet 2012

10/07 : dernières journée du festival… les films à ne pas louper !

Alors quels sont les films à ne pas rater pour cette dernière journée du festival ?

Les 3 Luxembourg (6e arrondissement)
13h30 : Infernal Affairs, Andrew Lau , Alan Mak ***** FILM A VOIR. En savoir plus 
15h30 : Infernal Affairs, Andrew Lau , Alan Mak
17h30 : La Légende de Fong Sai-yuk (Legend of Fong Sai-yuk), Corey Yuen
 19h20 : Infernal Affairs II, Andrew Lau , Alan Mak
21h35 : Infernal Affairs II, Andrew Lau , Alan Mak

Song of the Exile


MK2 Bibliothèque (13e arrondissement)
13h : 92 The Legendary La Rose Noire, Joseph Chan, Jeff Lau
13h : Seven Women: Miu Kam-fung (épisode 2), Patrick Tam, Programme TV Patrick Tam1
13h : Seven Women: On Sai, Yeung See-tai, May Lee (épisode 3), Patrick Tam, Programme TV Patrick Tam 1
15h : Love Unto Waste, Stanley Kwan
19h30 : An Autumn's Tale, Mabel Cheung ***** FILM A VOIR. En savoir plus


An Autumn's Tale


La programmation du Forum des images est peut-être un peu moins accessible que ma liste de films commerciaux ci-dessus, mais est tout aussi passionnante et tout à fait recommandable également…*****

Forum des images (1e arrondissement)
16h30 : China Behind, Tong Shu-shuen
19h : Parents' Hearts, Chun Kim
21h30 : Empress Wu Tse-tien , Li Han-hsiang


Empress Wu Tse-tien © Licensed by Celestial Pictures Limited. All rights reserved



 Autres articles :
-Nouvelle vague : Entre classiques incontournables et oublis regrettables

-Plus d'articles et d'interviews à venir...



Merci aux organisateurs et programmateurs du festival et rendez-vous sur ce blog et sur HKCinemagic.com pour plus d’articles, compte-rendus sur le festival, interviews et critiques de films.

Nouvelle vague : Entre classiques incontournables et oublis regrettables

Avec la fin imminente du festival, revenons quelques instants sur une des thématiques majeures de cette rétrospective consacrée à Hong Kong et son cinéma.

La programmation de Paris Cinéma 2012 proposait rien de moins que 13 films appartenant au mouvement dit "de la nouvelle vague" qui redynamisa l'industrie cinématographique Hong Kongaise de 1978 à 1984. Parmi ceux-ci, seuls 2 d’entre eux, L'Enfer des Armes et The Sword, avaient eu les honneurs d'une sortie en France. Cela faisait donc 11 films inédits dans l'hexagone et pas des moindres puisque on en dénombrait 6 (The Secret, The Spooky Bunch, Man on the Brink, Nomad, Ah Ying et Homecoming) appartenant à l'excellente liste des 100 meilleurs films de Hong Kong compilée par la Hong Kong Film Archive * !


Dans les 6, Homecoming était sans nul doute le plus attendu car quasi invisible en dehors de la Hong Kong Film Archive **. La réputation de ce film de Yim Ho n'était pas usurpée : Aussi émouvant que subtile, c'est sans conteste le long métrage en provenance de l'ancienne colonie Britannique qui illustre le mieux les difficiles relations qu'entretenaient (et entretiennent encore aujourd'hui) le port parfumé avec la Chine continentale.
Extrêmement rare également était The System de Peter Yung. Ce polar noir est dans la continuation directe du Jumping Ash de Leong Po Chih et Josephine Siao, le film précurseur de la nouvelle vague, et a toute l’âpreté et l'intensité auxquels les autres films policiers du mouvement nous ont habitué.



Moins rare mais néanmoins fondamental était aussi la vision du Man on the Brink de Alex Cheung. Premier film à traiter de manière pleinement satisfaisante le concept du policier undercover à Hong Kong, c'est un petit bijou dans lequel Cheung fait preuve d'une impressionnante maîtrise formelle et n'hésite pas à explorer les aspects les plus sombres de la psychologie humaine. Un chef d’œuvre ? Assurément ! Et peut-être même le tout meilleur film de la nouvelle vague !
L'autre gros morceau pour les amateurs de polars/films de gangsters était le The Club de Kirk Wong. L'occasion d'apprécier un Michael Chan dans toute sa splendeur tatouée et de se laisser porter par l'ambiance décadente et violente qui règne tout au long du film. La vision de ce précurseur des thématiques chères à John Woo était d'autant plus impérative que le festival en proposait une version composite plus longue, certaines séquences s'étant vu réinsérées ou allongées à partir de bouts de VHS et de Laserdiscs.    



C'était l’œuvre de Ann Hui qui se taillait la part du lion et on n'avait pas de raison de s'en plaindre ! La réalisatrice fut à la pointe de la nouvelle vague et resta fidèle à son style tout au long de sa carrière comme l'atteste son récent, et excellent, A Simple Life.
4 de ses travaux à la télévision étaient présentés, 2 tirés de la série Below the Lion Rock, un de Social Worker et le dernier de ICAC. Déjà, la réalisatrice y dévoilait son intérêt pour les drames humains, les personnes en marges et les difficultés interculturelles.
Ses films furent donc le prolongement logique de cette démarche commencée sur le petit écran. The Secret est l'adaptation libre d'un fait divers qui n'aurait pas démérité dans une série TV de la période. Mais elle le complexifie en conférant une atmosphère quasi fantastique à l’œuvre et en adoptant une narration ambitieuse, faite de flash backs impromptus. Le résultat n'est pas encore pleinement maîtrisé mais foncièrement passionnant. 
Comme un pied de nez à ses spectateurs, elle décida de sauter le pas et de faire une œuvre ouvertement fantastique le film suivant, s'écartant pour le coup de ses racines télévisuelles. The Spooky Bunch, filmé à Cheng Chau, est un film étrange, un peu bancal, mais également plein de qualité : Les scènes d'opéra sont magiques, Joséphine Siao magistrale et le mélange horreur/comédie ne manque pas de vitalité.
Avec Story of Woo Viet, la réalisatrice revint à la source de son inspiration. Le long métrage s'inscrit dans la continuité de Boy From Vietnam, un des segments de Below the Lion Rock. Assurément le plus maîtrisé des trois films ici discutés et servi par un joli casting principal, ce deuxième épisode de ce que l'on appelle parfois la trilogie Vietnamienne d'Ann Hui *** est une première réussite majeure au sein d'une filmographie qui en compte plus d'une !




Le travail d'Allen Fong était également à l'honneur. Une présence qui faisait plaisir tant le cinéma de ce chouchou de la critique Hong Kongaise est peu connu dans notre pays. Et pourtant, il a tout pour séduire le public cinéphile Français : Passionnés et engagés, ses travaux sont toujours empreint d'un réalisme social rare dans l'industrie cinématographique locale. Une approche apparente dés son passage à la télévision. Ses épisodes de la série Below the Lion Rock traitaient des strates les plus pauvres, les plus défavorisées, de la société Hong Kongaise. C'est également le cas de Father and Son et Ah Ying, les deux films liés au mouvement de son auteur, sur lesquels Fong greffaient en plus de larges morceaux (auto)biographiques et exprimait son profond amour pour le cinéma. 



Particulièrement mis en valeur par le festival, le cas de Patrick Tam est ressortit plus mitigé des différentes séances. Que ce soit à travers ses séries TV ou ses deux films inédits, on a pu mieux réaliser le poids des références qui plombe son œuvre (Godard). Il est tel qu'il empêche toute implication émotionnelle sur une bonne partie de ses premiers travaux (Seven Women ou Love Massacre). Ce n'est que sur Nomad qu'il atteignit enfin à une certaine maturité, en parvenant à retranscrire l'énergie de la jeunesse de l'époque sans que son talent formel ne prenne le dessus sur les personnages et leurs émotions... Cela jusqu'à une conclusion qu'on préférera poliment oublier. Une évolution qui trouvera son aboutissement artistique quelques années plus tard avec Final Victory.  


S'il faut louer le festival pour avoir proposé de telles raretés, on ne peut s’empêcher d'avoir un petit regret que la programmation n'ait pas été encore plus loin. Car avec quelques films de plus, c'est la nouvelle vague Hong Kongaise dans sa quasi intégralité qui aurait pu être proposé aux spectateurs parisiens ! De par sa nature non organisée, il est certes difficile de déterminer quels films sont à même de s'y rattacher et lesquels ne sont que de simples copies opportunistes des standards soudainement imposés par Ann Hui et les autres. Toutefois, une poignée d'entre-eux fait à peu près l'unanimité et mérite d'être vus. Il s'agit de :

- The Extras de Yim Ho, une comédie que ses auteurs s'accordent à considérer comme ratée mais quasi invisible depuis sa sortie en salle.
The Happenings toujours de Yim Ho, film sur la jeunesse de l'époque et préfigurant celui de Tsui Hark.
- House of the Lute de Lau Hsing Hon, techniquement le premier film de la nouvelle vague et l'unique long métrage à avoir choisi le genre du drame érotique.
- Cops and Robbers de Alex Cheung, un polar sur la dualité flic/gangster
- The Imp de Dennis Yu, un film fantastique jouant des clichés du genre.
- Coolie Killer de Terry Tong, un polar noir préfigurant The Killer.
- Health Warning de Kirk Wong, une étrange tentative de mélanger science-fiction et films de kung-fu traditionnels.
- Home at Hong Kong de Ging Hoi Lam, un drame subtile sur les interrogations identitaires des Hong Kongais.

Ce sera peut être, on l'espère, pour une prochaine édition !

* http://www.lcsd.gov.hk/ce/CulturalService/filmprog/promo/2011ms100/100_Must_See_Booklet.pdf (liste qui a manifestement servie de base à la programmation)

** Une VHS du film aurait, parait-il, été trouvable à la cinémathèque de Bruxelles !

*** Le troisième épisode étant Boat People.

Plus d'articles et d'interviews à venir...

L'équipe du HKCM a vu beaucoup de films et fait pas mal d'interviews.
Il lui manque le temps d'écrire des critiques et de retranscrire les interviews.

Mais rassurez-vous, chers lecteurs, ça va venir.

De riches interviews de Johnnie To, Yuen Woo-Ping, Kara Hui, Li Cheuk To, des jeunes talents de la Fresh Wave... apparaitront sur notre site.  ;)

Toutes nos excuses pour ces retards.



                               L'équipe du HKCM qui couvre le festival.
Vous aurez reconnu Arnaud, Manolo, Thomas McK, Camille ...et P'tit Panda.

dimanche 8 juillet 2012

09/07 : avant-dernière journée non décevante : The Club, Comrade, L'Enfer des armes, Martial Club, CID, Vulgaria...

On ne pourra pas passer à côté de certains films pour cette journée de lundi avec du Tsui Hark, du Wong Kar-wai, du Lau Kar Leung, du Peter Chan, le dernier Pang Ho Cheung et les travaux télé de Patrick Tam…

L'Enfer des armes (Dangerous Encounter - 1st Kind)


Les 3 Luxembourg (6e arrondissement)
14h : In the Mood for Love, Wong Kar-wai *****
16h : In the Mood for Love, Wong Kar-wai
18h : In the Mood for Love, Wong Kar-wai
20h : La Légende de Fong Sai-yuk (Legend of Fong Sai-yuk), Corey Yuen ****
22h : In the Mood for Love, Wong Kar-wai

Chan Li-Zhen (Maggie Cheung) aménage avec son mari, un homme d'affaire souvent à l'étranger, dans la même immeuble et le même jour que Chow (Tony Leung) dont la femme est également souvent absente. Dès le début, il y a mélange (affaires attribuées à l'un mais appartenant à l'autre). Et ils ne tardent pas à découvrir que leurs époux respectifs ont une liaison. Rapprochés par cette condition commune, Li-Zhen et Chow établissent entre eux une relation particulière afin de découvrir comment leurs époux ont pu les tromper.

Plans magnifiques, jeu d'acteurs impeccable, musique sublime, le (…) film de Wong Kar Wai est une d'une réussite formelle indéniable. *****

In The Mood For Love

Coup de Cœur du HongKong Cinemagic



Et le plus gros du programme de la journée est au MK2 Bibliothèque (13e arrondissement) :

12h30 : Thirteen: Suffocation (épisode 4), Patrick Tam, Programme TV Patrick Tam 2
12h30 : Thirteen: Traces of Her (épisode 10), Patrick Tam, Programme TV Patrick Tam 2
13h : Vulgaria, Pang Ho-cheung ****
15h : Martial Club, Lau Kar-leung *****
16h50 : Comrades, Almost a Love Story, Peter Chan *****
19h : Wonder Women, Kam Kwok-leung****
19h30 : The Club, Kirk Wong ****
21h : Deaf Mute Heroine, Wu Ma

Un producteur de seconde zone est invité dans une classe d’étudiants en cinéma. Amené à défendre sa fonction, il se remémore le tournage chaotique de son dernier projet : le remake d’un film érotique de 1976.
A découvrir. ****

  




A découvrir. ****

Wonder Women


Deux jeunes gens de Chine continentale, Li Xiao-Jun (Leon Lai) et Li Chiao (Maggie Cheung), tout juste immigrés à Hong Kong, tombent amoureux l’un de l’autre contre leur gré. Alors que Xiao-Jun est un garçon naïf et ébahi par la vie de la grande cité (campagnard, il vient du nord de la Chine), Li Chiao est une jeune fille opportuniste et ambitieuse qui n’hésite pas à se servir de la crédulité de ses compatriotes pour gagner quelque argent (citadine, elle est originaire d’une grande ville du sud de la Chine). Nous les suivrons pendant dix ans, jusqu'à un final new-yorkais bercé par une chanson de Teresa Tang (un air qui vous restera dans la tête longtemps après la fin du film !).

Comrades, Almost A Love Story est une production caractéristique de la United Filmmakers Organization : prenez un scénario plutôt fouillé, ajoutez des acteurs de bon niveau (Maggie Cheung qui faisait à cette occasion son grand retour devant les caméras après 3 ans de silence, un Leon Lai étonnement dans le ton et Eric Tsang pour une fois parfait), laissez mariner le tout dans un genre bien particulier et typique (qui a dit que ce qui ressemblait le plus à un film UFO, c’était un film UFO ?), et vous obtenez, au final, un produit destiné à satisfaire un public très ciblé, le milieu intellectuel « branché » hongkongais. Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, le résultat est là et il est concluant. *****

Voir aussi notre interview du réalisateur : Interview Peter Chan : almost a love story



Coup de Cœur du HongKong Cinemagic



Film sombre et nihiliste, la réputation de L'enfer des armes n'est plus à faire. Si certains y voient un "brûlot anarchique", il s'agit en fait plutôt d'un cri de colère et de frustration que d'un réel discours politique. Tsui Hark porte un regard sombre sur une société au bord du gouffre, cellule familiale en péril, jeunesse perturbée à la dérive, violence...

LE classique et LE chef-d’œuvre du cinéma hongkongais révolutionnaire. C’est un peu pour lui que la catégorie III a été créée ! A l’époque de sa sortie, les autorités demandèrent d’ailleurs à Tsui Hark d’y effectuer de nombreuses coupes et de retourner entièrement des scènes complètes. *****


L'Enfer des armes (Dangerous Encounter - 1st Kind)

Coup de Cœur du HongKong Cinemagic